Chaque enfant est unique, et chaque remédiation aussi. En général, lorsque les séances sont régulières, le parcours d’accompagnement s’étale sur 3 à 6 mois, avec moins de 10 séances. C’est souvent suffisant pour retrouver un geste fluide, lisible et apaisé.

Parfois, quelques séances (parfois 4) suffisent pour débloquer la situation. D’autres fois, le chemin peut être un peu plus long : cela dépend de la difficulté de départ, de la régularité des exercices, de la motivation de l’enfant… et aussi du bon moment pour entreprendre cette démarche. En cas de situation particulière (trouble sévère, handicap, accident), le suivi peut bien sûr s’adapter.

L’essentiel, c’est d’avancer ensemble, à son rythme, dans une dynamique de confiance et de progrès.

Certains indices doivent vous mettre la puce à l’oreille : – Une écriture lente, illisible, qui demande beaucoup d’efforts ou devient douloureuse. – Des cahiers abîmés, souvent raturés, froissés, voire perforés à force d’appuyer trop fort. – Des stylos malmenés, mines cassées, crayons usés de travers. – Des textes mal recopiés, truffés d’erreurs, avec une orthographe incertaine. – Un manque de temps pour terminer les exercices ou copier les devoirs. – Des remarques fréquentes des enseignants : « illisible », « brouillon », « travail bâclé »… – Et surtout, une anxiété, voire un refus d’écrire, dès qu’il s’agit de prendre un stylo.

Dès 4 ans, si un doute s’installe, il est judicieux de consulter un spécialiste de l’écriture. Mieux vaut agir tôt que laisser s’installer de mauvaises habitudes.

Bien souvent, les élèves que nous accompagnons plus tard avaient déjà montré des signes de gêne dès la maternelle ou le début de l’école élémentaire : mauvaise tenue de crayon, crispation, lenteur, fatigue… Autant de signaux qu’il ne faut pas minimiser, car ces difficultés tendent à s’aggraver, notamment à l’entrée au collège, lorsque le rythme s’accélère.

Les recherches sont unanimes : des troubles dans le geste graphique peuvent freiner les apprentissages et être un facteur prédictif de décrochage scolaire. Une prise en charge précoce est souvent la clé pour éviter bien des blocages.

Oui, plus que jamais. Alors que le niveau de maîtrise du français recule chez les jeunes, les découvertes en neurosciences (notamment celles de Stanislas Dehaene) confirment à quel point lecture et écriture sont intimement liées dans le cerveau.

Il est vrai que, chez les adultes, l’écriture manuscrite a reculé au profit du numérique. Mais pour les enfants, tout l’édifice scolaire repose sur deux piliers fondamentaux : lire et écrire.

Et l’écriture manuscrite, loin d’être dépassée, renforce les apprentissages, structure la pensée, stimule la créativité. Ses bienfaits sont nombreux, profonds, durables — à condition de l’apprendre, de la pratiquer, et de l’affiner tout au long de la scolarité.

Les rééducations menées par les graphopédagogues de l’association 5E montrent des résultats concrets et significatifs, tant sur la fluidité que sur la qualité de l’écriture. Une étude d’efficacité, pilotée par Anne-Gaël Tissot (graphopédagogue en Alsace), a d’ailleurs été menée pour évaluer scientifiquement l’approche 5E. Sa publication est en cours.

Mais la meilleure garantie de succès reste l’implication de la personne accompagnée. Quand il s’agit d’un enfant, la présence active et bienveillante de l’adulte référent (parent, enseignant…) joue aussi un rôle essentiel. La régularité des séances et la motivation partagée font toute la différence.